Valberg

Au départ avec les potes
Au départ avec les potes

Date : 05/07/2015

Lieu : Valberg

Distance : 45km 2600m D+

 

Objectif : Participer

 


Un trail pas comme les autres ...

Préambule !

le fameux Mont Mounier
le fameux Mont Mounier

Ah..... Valberg ... bien plus qu'une simple petite station de ski des alpes du Sud c'est pour moi ma résidence secondaire.

En effet j'ai la chance d'y avoir un appartement, me permettant d'y aller à ma guise et de parcourir ses magnifiques sentiers.

Dés que je souhaite changer d'air, faire des weekends chocs ou simplement profiter de la nature je m'y exile.

Situé à 1400m et ayant un sommet proche à plus de 2800m d'altitude ( Le mont Mounier) autant vous dire que cet endroit constitue mon pèlerinage à chaque fois que je vais là-bas.

 

Pour en revenir à cette course qui me tiens donc, ( comme vous l'aurez compris ) beaucoup à cœur, elle arrive seulement 1mois après le GR20. Mon état physique étant loin d'être au top car je souffre encore beaucoup de ma cheville ( déchirement partiel des ligaments externes 10j avant de faire le GR 20 ) autant vous dire que ça n'a pas arrangé les choses...

J'arrive donc la veille de la course histoire d'être un peu reposé, pour une fois que j'ai cet avantage sur les autres je ne m'en prive pas !

Le départ est donc donné à 9h00 du matin prés de la piscine municipale, le soleil est déjà haut et les températures déjà très douces, nous sommes pas plus de 90 coureurs, cela fait du bien d'être en petit comité pour une fois...

Je pars comme à mon habitude dans le premier tiers du peloton avec une seule crainte : vais-je finir cette course avec une cheville encore meurtrie... mon but étant comme dirait Pierre de Coubertin : " de Participer " adage qui en générale ne me suffis pas !

Ridicule !

vue du plateau et de la chapelle Saint Jean
vue du plateau et de la chapelle Saint Jean

Nous attaquons la course par une première difficulté , la montée vers la Chapelle Saint Jean, nous traversons les télésièges et croisons les pistes de ski ( non enneigé je précise ) , mon rythme est correct et je me sens plutôt bien.

 

Une fois la chapelle Saint Jean et le plateau du même nom franchis nous nous présentons face à une descente que je connais aussi bien que je l'appréhende...  environs 2km 500 de D- que du bonheur pour ma cheville..

Je m'élance plein de courage dans ce gouffre mais mes limites physionomiques m'empêchent de descendre à ma convenance et c'est alors des wagons entiers de coureurs que je vois me dépasser ou que plutôt que je laisse gentiment me dépasser...

 

Le moral en prend un sérieux coup et outre le fait d'être relégué au classement la question même de pouvoir finir cette course avec cette gêne et cette douleur est remise sérieusement en cause.

Quand tout à coup... tel Bilbon le Hobbit croisant le chemin de l'anneau, je fis la rencontre de Christophe ( que je ne connaissais pas) , je lui propose comme à mon habitude sur cette course si il souhaite me doubler , mais il me rétorque qu'il n'est pas particulièrement descendeur et que le rythme lui convient. Je me dis chouette on va pouvoir faire un petit bout de route ensemble et je crois pas si bien dire ....

 

Alors que ce calvaire de descente s'arrête enfin nous attaquons la deuxième montée en direction de l'Illion et ces roches rouges, nous sommes en petit groupe restreint toujours accompagné de mon acolyte et les bavardages vont bon train.

 

la barre de l'Illion
la barre de l'Illion

km 14 premier ravitaillement :

 

Nous prenons le temps de remplir avec soins nos camel back car l'eau aujourd'hui risque d'être une denrée rare en ces contrées chaudes, Christophe m'attend et nous repartons donc ensemble pour la traversée de l'Illion.

 

Ce passage est magnifique, nous sommes certes encastrés entre deux montagnes mais la nature du terrain est exceptionnel, on court sur du sable rouge et le contraste avec la végétation verte est saisissant !


Tour à tour nous nous prenons mutuellement le relais afin de garder un rythme correct. Quelques petites erreurs d'orientation nous font perdre quelques secondes insignifiantes, faut dire que le balisage est minimaliste et se confond parfaitement avec la nature.

 

Notre petit groupe à bien diminué depuis quelques kilomètres , et lors d'une descente piégeuse avec de l'herbe haute et quelques crevasses j'avertis Christophe que cela n'est pas bon pour les chevilles... je crois pas si bien dire 5sec après (montre en main) une traileuse se fait une entorse, nous nous arrêtons sur le champ et je prend le temps d'appeler le PC Course pour signaler l'incident. Heureusement pour elle le 2eme ravito n'est qu'à 2km et elle est accompagnée par son ami.

 

Au cours de cette longue traversée je sens mon rythme baisser, je n'ai pas véritablement la même pèche que d'habitude et cela me gène par rapport à Christophe qui je sens est mieux physiquement que moi, je lui propose donc à plusieurs reprises de ne pas m'attendre mais en vain ...

 

km 23 deuxièmes ravitaillements :

 

Ce ravito fait du bien ! je me gave de quarts d'oranges et prend le temps qu'il me faut pour m'hydrater, Christophe lui telle une formule 1 au stand est déjà prêt à repartir, je prend un peu mon temps car je sens au fond de moi que je vais bientôt souffrir ! Au moment de repartir quelle surprise j'ai, d'apercevoir la traileuse blessée qui se remet à courir alors que je donnais pas chère de sa peau... tant mieux pour elle !


Canicule!

Le soleil est au plus haut et les températures montent en flèche ! Nous descendons au plus profond de la vallée et l'idée de remonter tout ça, voir même plus pour accéder au point le plus haut de ce trail ne m'enchante guère ...

Voila on y est, après une descente qui s'est relativement bien passée nous attaquons le gros de ce trail à savoir une montée d'environs 10km pour plus de 1000m de D+ , le tous entre 12h-14h sous un soleil de plomb ... bref ... parfait !

 

Les organismes souffrent, tout le monde est à la peine et les grimaces sur les visages se multiplient, la montée en elle même est loin d'être incroyable mais les conditions extérieures font qu'elle le devient vite.

 

Le temps et la distance semblent avancer au ralenti , les réserves se vident rapidement, heureusement tel un oasis en plein désert nous tombons sur une sorte de petite fontaine encastrée dans la roche et produisant un léger filet d'eau.

La file de coureur s'amoncelle et nous recevons ce cadeau du parcours comme une bénédiction !

Nous repartons tels des bagnards pour en finir avec cette montée, les virages s'enchainent dans la forêt et je peine à suivre le rythme de Christophe que je colle au talon depuis un moment.

Mes jambes ralentissent, mon corps semble tourner au régime minimum et pour la première fois de ma vie, je n'arrive même plus à avancer lentement en marchant...

 

Je prend donc une première pause avec Christophe , puis une deuxième un peu plus loin, forcé de constater que nos chemins communs doivent s'arrêter ici...

Je laisse donc partir mon compagnon de route et décide de m'allonger au sol face aux montagnes, bras et jambes croisées en profitant de cet instant de plénitude. 15min se sont écoulées, il m'en faillait pas moins pour récupérer de ce mélange de coup de chaleur et d'hypoglycémie passagère... durant ces 15min aucun coureur ne m'a doublé à croire que je ne suis pas le seul en souffrance !

 

Au prix d'un terrible effort, c'est la fin de cette côte, on bascule enfin au plus grand plaisir de mes cuisses... La légère descente et le faux plat qui suivent me font du bien et je sens que je reprend du poil de la bête !

L'envie de rattraper Christophe me galvanise ainsi que le rêve de finir cette course avec lui. Je me permet même de relancer légèrement...

et au détour d'un sentier j'aperçois au loin une casquette jaune ... c étais lui...

 

Motivé par cet objectif je redouble d'effort afin de le rattraper durant l'ultime montée du dernier ravito. Enfin le binôme se reconstitue, voyant que je le recollais il m'avait sagement attendu...

Une chose est désormais sure ! On finira cette course et en binôme SVP !


38km derniers ravitaillements :

 

Nous y sommes au Dreccia ! le sommet de cette station de ski et à ce ravito tant attendu ! les bénévoles sont au petits soins pour nous deux ce qui me donne encore moins envie de partir ...

au bout de 15min de plaisir et de dégustation Christophe me rappelle qu'il faudrait quand même songer à décoller. Il a raison plus qu'une descente et l'arrivée sera la.


Je quitte donc cet Eden le cœur triste (façon de parler) mais avec la ferme intention d'en finir.

 

La descente via le sentier planétaire est ultra agréable en temps normal, mais au bout de 40km se n'est plus le même chemin que j'ai l'habitude de fréquenter à 15km/h. Les relances sont dures et rien que le fait de ne pas s'arrêter de courir est un exploit.

 

Enfin au détour d'un virage Christophe aperçoit sa petite famille ! Pause photos oblige ( qui me fait le plus grand bien ) il ne reste plus que 2km et c'est la mienne que je verrai à l'arrivée.

Nous continuons donc vers le centre de la station, un dernier petit coup de cul et un petit virage pour amorcer la descente finale ! Enfin ! 

Je sens l'émotion de fin de course, les gens sur les cotés pour nous applaudir et surtout mes parents m' attendant à l'ombre d'un arbre qui pour la première fois depuis que je fais du trail viennent me voir à l'arrivée !

 

Le tableau est donc idéal ! Nous franchissons ensemble cette ligne d'arrivée, main dans la main comme je l'avais imaginé dans les moments les plus difficiles de cette course !

Le tout en 7h34 à la 29emes et 30emes places sur 86 finishers.

 

Les conditions exceptionnelles de chaleurs n'ont fait que rajouter du piment à une course prévue comme étant déjà aussi difficile que magnifique.

Pour conclure c'étai la première fois que je partagé la quasi totalité d'une course avec un autre coureur qui m'était inconnu et cela représente une super aventure humaine .

 

Merci aux organisateurs, aux bénévoles et à toi Christophe ( sans qui j'aurais fini plus tard ) !